DEVELOPPEMENT
DES ARMES BLANCHES :
L’expression
"armes blanches" designe une famille tres etendue d'instruments
fabriques en divers materiaux mus par la seule force musculaire de
l'utilisateur et servant au combat en corps a corps, a la chasse ou a des
activites sportives.
Ces
objets presentent differents aspects en fonction desquels on peut les classer
par type. Dans la litterature mondiale specialisee, on trouve par exemple une
classification fondee sur l'aspect de l’arme (courte, longue, etc), son mode
d'utilisation (arme de taille, d'estoc, de jet et contondante) ou selon sa
fonction dans la societe (militaire, civile, de chasse, de sport ou de
ceremonie).
Les
armes blanches sont les armes les plus anciennes utilisees par l’homme. Le
gourdin, l'epieu du chasseur de mammouth, plus tard la hache de pierre
emmanchee de bois ont ete les outils de la survie des peuples primitifs, tant
pour la chasse destinee a la nourriture que pour les batailles entre hordes se
disputant des territoires privilegies. Certaines armes ont conserve ce
caractere universel au cours du temps. Avec la decouverte des metaux et,
parallelement, l'evolution de la societe humaine, avec l'apparition de la
propriete individuelle ou collective puis de la stratification sociale qui en
a resulte, les combats sont devenus des guerres entrainant la creation d'armes
specifiquement concues pour le combat organise d'homme a homme.
L'essor
des armes blanches dans l'Antiquite a suivi la decouverte et la mise au point
des procedes metallurgiques. Materiau suffisamment dur et resistant, rendu en
meme temps elastique par des techniques adequates, le fer (avant l'acier) est
devenu la matiere premiere la plus appropriee a la fabrication d'armes
blanches d'une extreme diversite de genres et de formes.
Depuis
les origines, le type le plus repandu d'arme individuelle a ete l'epee. Son
developpement relativement rapide commence au VIIeme siecle et mene tres tot a
la mise au point d'une forme de base qui va evoluer pendant tout le Moyen Age.
C'est ce que l'on appelle l'epee Viking, qui se repand dans toute l'Europe
entre le VIIIeme et le Xeme siecle, depuis l'Angleterre a l'ouest jusqu'a la
Russie a l'est. Si, du point de vue typologique, il existe un grand nombre de
formes, elles ont en commun une lame relativement large a deux tranchants,
avec une pointe plus ou moins centree, et creusee d'une large gouttiere. On
trouve parmi ces epees de nombreux specimens dont la garde cruciforme et le
pommeau sont incrustes ou recouverts de metaux precieux (argent, or, cuivre).
Les plus ornees de celles trouvees dans des tombeaux de guerriers Vikings
presentent meme des gardes dorees a la feuille martelee. Les ornements sont
generalement a base de bandeaux tresses, d'animaux fantastiques et de
mascarons. Il est interessant de noter que, des cette epoque, certains
fabricants marquent leurs productions. En Scandinavie, les epees importees des
ateliers de Franconie portent sur la lame de grandes lettres faites de bandes
de fer doux donnant les noms de ULFBERHT, INGELFRED ou BANTO. Des inscriptions
similaires apparaissent sur des epees de parade pendant encore deux cents ans.
Cela montre que les fabricants d'epees ont exploite la renommee des fondateurs
de leurs ateliers bien apres leur disparition, en continuant a utiliser des
"marques" codifiees et reputees.
Au
debut du Moyen Age, l’epee est un privilege du seigneur feodal, guerrier de
vocation, et ses sujets ne peuvent porter une telle arme, surtout en raison de
son prix eleve. Un usage generalise de l'epee n'intervient qu'aux epoques ou
se constituent des groupes de soldats dont le devoir et/ou la profession sont
le combat. L’histoire de la chevalerie en Europe montre que les grandes
croisades sont a l'origine d'une expansion des armements et de la renommee de
l'arme principale du chevalier, l'epee, mais d'un type nouveau. La lame en est
allongee et la garde mince d'equerre forme avec la poignee une croix, signe
dont sont egalement marques tous les armements et equipements des Croises.
L’armure
perfectionnee a plaques articulees qui, aux XIIIeme et XIVeme siecles,
remplace la cotte de mailles se revele plus difficile a percer. Cette
evolution conduit a la creation des epees a deux mains, permettant d'appliquer
toute la force necessaire a l'impact. De plus, on allonge la lame d'une pointe
effilee qui sert a penetrer les jointures des plaques, l'epee devenant alors
une arme d'estoc (de pointe). Cette evolution est a l'origine de l'epee de
type rapiere.
A
l'epoque ou les premieres armes a feu se font entendre sur les champs de
bataille, le Chevalier barde de fer perd rapidement sa quasi-invulnerabilite.
Il est oblige de renoncer a sa lourde, mais desormais peu efficace armure,
pour ne garder qu’une cuirasse frontale considerablement renforcee afin de
resister aux effets des
projectiles des
armes a
feu. A cette epoque,
l'arme blanche la plus repandue est l'epee d'estoc, qui va, au cours des
periodes suivantes, s'affiner toujours plus. La main n'etant plus protegee par
le gantelet de fer, l'epee se complete d'une poignee a garde-panier qui
l'entoure d'une sorte de cage. Des arcs de jointure apparaissent au-dessus des
branches de garde droites ou en forme de S plus ou moins accentues. Les
avantages de cette excellente protection de la main s'imposent au milieu du
siecle, lorsque l'epee devient aussi une arme civile de duel ou de defense.
La
vraie periode de developpement de l'epee et de sa version civile, la rapiere,
se situe au moment de la Renaissance. Il en resulte, outre l'apparition de la
pratique sportive de l'escrime et des salles d'armes, une multiplication des
fabricants d'epees un Espagne, en Italie et en Allemagne. Dans ces pays, de
celebres armuriers creent meme des recueils de modeles montrant des profils de
lame, chacun s'efforcant de perfectionner l’elasticite et la robustesse des
armes. Vers 1550, le resultat de ces recherches se traduit par la rapiere,
arme fine exclusivement de pointe, portant des ornements en relief souvent
realises en fer ajoure. La maitrise des forgerons armuriers espagnols n’a d'egale
que celle des artisans italiens. Les autres pays europeens adoptent la
nouvelle arme, mais jusqu'au milieu du XVIIeme siecle, et bien que nombre
d'entre eux possedent une tres vaste experience des combats et des tournois,
et leur propre production d'armes blanches, ils se contentent d'adapter les
modeles d'origine mediterraneenne.
Proche
de la rapiere portee par la noblesse, arme qui perd peu a peu son role
d'instrument de combat pour devenir un accessoire du costume, l'epee devient
en meme temps une arme de militaire. Avec le temps, elle va se voir reservee
aux seuls officiers, puis, apres avoir perdu sa fonction de combat, devenir
une arme de parade ou un simple element d'uniforme, embleme
du rang, du grade ou de certaines dignites conferees.
Du
fait de sa frequence dans les collections publiques et privees, l'arme blanche
la plus symbolique et la plus representative du genre est le sabre. Jusqu'au
XVeme siecle, le seul fait avere concernant cette arme est qu'elle arrive en
Europe en provenance de l'Orient ou des forgerons la fabriquent depuis le haut
Moyen Age. Ce n'est qu'a l'epoque de la grande expansion turque en Europe,
dans la premiere partie du XVIeme siecle, qu'elle commence a se repandre. Au
premier coup d'oeil, le sabre se distingue de l'epee europeenne par son axe
courbe ou en S, une lame courbe causant des blessures plus importantes
qu'une lame droite.
En
Europe, le sabre est largement adopte lorsque les armees comportent des unites
de cavalerie legere. La faible masse et l'efficacite considerable de ce type
d'arme conviennent particulierement a ces unites militaires rapides et tres
mobiles, censees combattre, comme les Tartares et les Turcs, dans les grandes
steppes. Le sabre remplace donc peu a peu les autres types d'armes blanches
telles que la forte-epee et l'epee dans les corps de cavalerie, jusqu'a
devenir l'arme du cavalier par excellence. Ce ne sera toutefois pas sa seule
destination, car, au milieu du XVIIIeme siecle, elle apparait aussi comme une
arme de ceinture des officiers et de certains grades subalternes d'infanterie.
Du XVIIIeme au XXeme siecle, la majorite des armees europeennes utiliseront
une grande variete de sabres d'infanterie. Jusqu'a nos jours, cette arme
blanche fait partie de l'equipement des unites de garde et des regiments de
parade de plusieurs Etats europeens. Parallelement au developpement
des ateliers fabriquant des armes blanches de haute qualite, et de grand
prix, les artisans capables de les decorer luxueusement se multiplient.
Orfevres et forgerons utilisent les pierres precieuses, la ciselure ou la
gravure pour orner les gardes et les fourreaux de ces armes dont les lames
peuvent etre damasquinees ou incrustees d'or et d'argent. En Allemagne, ou la
decoration d'objets d'art en tout genre atteint un niveau particulierement
eleve, nombre de specimens ainsi decores sortent de l'atelier d'un artisan
tres polyvalent appele Klemmeister. Orfevre et createur de poincons, il
maitrise en meme temps le dessin d'art et la gravure, la frappe de medailles,
le travail de l'argenterie et d'autres metiers d'art.
La manufacture d'armes se perfectionne, et Solingen, qui etait avec Tolede en Espagne et Milan en Italie, le troisieme bastion de la fabrication d'armements, devient le numero un dans ce domaine au XVIIIeme siecle. Le facteur dominant de la fabrication d'armes reste le forgeron qui s'aide de quelques machines a main. Une lame parfaite doit satisfaire a de severes controles de qualite. Sa souplesse est verifiee par le ployage. La pointe etant fixee, la lame est ployee de deux cotes iusqu'a former un demi-cercle. Les deux arcs obtenus doivent etre egaux et la lame doit reprendre d'elle-meme sa rectitude apres chaque ployage par sa seule elasticite. La resistance du tranchant est ensuite verifiee par l'essai a la barre de 8 mm: l'entaille faite dans la barre par un coup perpendiculaire ne doit laisser aucune marque sur le tranchant de la lame.
Comme on l'a vu, les armes blanches qui apparaissent a la fin de l’age de la pierre representent les types d'armes les plus anciens. L’apogee de leur evolution et de leur emploi comme armes de combat se situe vers la fin du Moyen Age et le debut des temps modernes. Dans le courant du XVeme siecle, le developpement et l'importance croissante des armes a feu amenent celles-ci a remplacer progressivement la lance dans l'armement de la cavalerie lourde et, au debut du XVIIIeme siecle, elles supplantent definitivement la pique et la hallebarde dans l'infanterie. Les armes blanches demeurent a la base de l'armement de la cavalerie et, pendant un certain temps, continuent a figurer dans l'armement des autres armes.
Source : Encyclopedie Illustree des Armes Blanches de Jan Sach (Ed. Grund)
Voici une description des epees medievales, d’apres l’excellent Medieval swordsmanship, par John Clements. Celui-ci s’attache a recreer l’escrime medievale depuis 1980, une escrime qui n’a pratiquement aucun rapport avec l’escrime moderne et avec celle vehiculee par les films de chevalerie.
L’epee medievale est fondamentalement une lame de metal concue pour trois fonctions : couper, parfois trouer, et parer. Tres peu d’epees assurent ces fonctions de maniere egalement satisfaisante, et le fait de parer est plutot une fonctionnalite secondaire (au contraire de ce que montrent la plupart des films).
La plupart des epees medievales ont des lames larges et droites a double tranchant, avec une extremite pincee ou effilee, et une hampe cruciforme et droite. La longueur de la lame varie, mais seulement de quelques centimetres.
- Longueur de la lame :
La longueur depend en fait de la taille du porteur : celui-ci doit pouvoir toucher ses adversaires lorsqu’il est a cheval et eux au sol, ou inversement. Contre un adversaire muni d’un bouclier, l’epee doit pouvoir atteindre les jambes, la tete et le bras arme. Enfin, plus prosaiquement, il faut pouvoir porter l’epee au cote, de la hanche a la cheville.
- Poids de la lame :
Une epee doit etre assez legere pour etre transportee et utilisee grosso modo toute la journee en combat. Elle doit etre bien balancee, et maniable pour s’en servir de maniere efficace. Au contraire de la plupart des films et telefilms, ou les repliques pesent de 5 a 10 kilos.
Lourde, la lame possede une inertie qui permet des coupes plus fortes, au prix d’une maniabilite reduite (ce qui est crucial lorsque l’on tente de toucher).
- Largeur de la lame :
Une lame doit etre suffisamment large pour permettre de l’aiguiser, de meuler les entailles causees par un usage frequent. De fait, la technologie moyenageuse impose une largeur minimale pour que la lame puisse a la fois infliger des coups puissants et garder un minimum de tranchant.
- Tranchant :
Si le tranchant est fin, les coupures sont plus efficaces, mais il faut l’aiguiser et le reparer plus souvent. Des tranchants avec un angle plus obtus coupent moins bien, mais peuvent permettre d’avoir une lame plus forte, plus apte a parer.
Le tranchant d’une epee medievale ressemble plus celui d’un burin qu’un couteau de boucher moderne. La lame doit etre bien trempee et le tranchant doit etre entretenu pour rester bien poli. Tout artefact ou protuberance sur le poli de la lame accrochera a coup sur. Avec une lame moins bien trempee, un tranchant ne mordra pas dans une cotte de mailles ou meme du cuir epais. Un tranchant peut etre tres effile mais encore trop mou.
- Epaisseur de la lame :
Cela joue fortement sur le poids bien sur. Entre les deux tranchants, la partie centrale de la lame. Ici, une multitude de possibilites : il suffit de "couper" la lame sur son epaisseur pour le visualiser. Avec une forme en amande, par exemple, la partie centrale n’est pas vraiment delimitee par rapport aux tranchants. Un losange, idem, mais on distingue au moins la delimitation des deux tranchants. Mais ceux-ci ne doivent pas forcement se rejoindre : la partie centrale peut etre plate (une forme d’hexagone aplati), voire legerement concave.
Dans ce cas, on parle du creux de la lame, qui permet d’alleger l’epee sans reduire sa longueur ou sa surface de tranchant. Cela permet egalement d’ajouter de la rigidite et de la force sans rajouter du poids ou baisser la flexibilite.
Il existe une variete considerable de creux. Ils peuvent etre sur une seule face de la lame ou les deux, etre profonds et etroits ou peu accentues et larges, se retrouver sur toute la longueur de la lame ou au contraire seulement pret de la base. Si le creux est profond, cela permet d’alleger la lame sur la moitie inferieure, mais on l’arrete a la moitie pour garder de la rigidite sur la moitie superieure. Il est egalement d’avoir plusieurs creux paralleles sur une meme face de la lame. Le creux est parfois percu, par ignorance, comme un sillon permettant au sang de s’ecouler.
Au lieu de creuser la lame, il est possible de la renforcer, ce qui ameliore la rigidite des lames les plus minces, ou celles utilisees pour combattre des armures de plates.
- Solidite :
Meme si les epees sont prevues pour l’eviter, elles peuvent toutes casser. En tapant trop fort sur le plat de la lame, celle-ci peut se tordre jusqu’au point de rupture. En frappant sur le tranchant sur un point abime ou sur un artefact de forge interne, la lame peut craquer et se fissurer. Comme la plupart des lames, apres 900, etaient faites en soudant un noyau de fer mou entre deux ecailles d’acier, il peut y avoir une petite couture vers le centre de la lame, qui peut faire casser celle-ci si le tranchant est trop endommage.
- Flexibilite :
La flexibilite est une caracteristique cruciale de l’acier d’une bonne epee. Celle-ci doit etre resistante aux chocs repetes, flexible de telle maniere qu’en frappant le bord d’un bouclier elle puisse se courber, se tordre, et revenir a l’etat initial par la suite.
Evidemment, plus une lame est solide, moins elle est flexible, et il existe des epees de differentes trempes. Une bonne lame est capable de se tordre d’au moins 8 centimetres (en partant de la pointe) et de revenir a la position initiale, et ce de maniere repetee. Les lames des vikings etaient connues pour pouvoir se tordre de 15 centimetres voire plus.
- Pointe :
Beaucoup d’epees medievales n’ont pas de pointes prevues pour trouer, car elles misent plus sur leurs tranchants. Les epees medievales plus tardives ont des pointes plus epaisses specifiquement prevues pour percer les jointures des armures de plates.
Les epees dont la fonction est de trancher ont des lames larges habituellement sans pointe (pointe ronde ou non aiguisee). Celles qui peuvent lacerer et trouer tendent a avoir des lames plus minces.
Bref, cela est surtout une question de preference personnelle. Il est interessant de noter que quelles qu’ai ete les armures en face, cela ne semble pas avoir eu une incidence notable sur les pointes des epees.
- La racine de la lame : le tang
Il s’agit de la partie brute de la lame, non polie, qui passe a travers la garde, sert de base pour la poignee, et auquel se rattache le pommeau. Generalement, lorsque la lame rejoint la garde, la partie visible est plus large que la partie cachee, il arrive meme que la lame soit plus epaisse a cet endroit pour en ameliorer la force.
Le tang doit etre assez large pour soutenir des effets de torsions brusques sans casser, mais pas trop sous peine d’alterer l’equilibre et le poids de l’epee. Le metal est egalement moins trempe, pour absorber les chocs et vibrations. De fait, le tang peut venir ou non de la meme piece de metal que la lame, et le plus souvent il suffisait de battre le metal une fois la garde passee, pour que le tout tienne d’un bloc.
- La garde :
Une garde simple, cruciforme, est commune : une epee de famille peut voir bien des poignees et gardes differentes, en conservant toujours la meme lame. Si aucune source iconographique ne montre la garde etant utilisee pour parer directement une lame, on peut la voir utilisee pour pieger et immobiliser les armes adverses.
En fait, l’utilite principale de la garde est de stopper la main, d’eviter qu’elle se retrouve sur la lame, lorsque l’epee est utilisee pour trouer. L’utilite secondaire est de proteger la prise a l’epee quand celle-ci percute un bouclier (entre l’extremite de la garde et le pommeau, tout l’espace interne est protege), et c’est seulement en troisieme position qu’on retrouve la fonction de protection de la main face aux armes adverses.
Les grosses coques specifiques a la Renaissance n’ont pu voir le jour que pour des armes principalement prevues pour trouer, ou le poids relatif de la garde n’etait pas un obstacle, et ou il n’y avait pas des besoins de maniabilite pour changer de tranchant, ou pour immobiliser les armes adverses. En bref, ces coques sont bien moins interessantes sur une lame prevue pour trancher.
- La poignee :
Pour faire une poignee, au-dessus du tang, il est possible d’utiliser du bois, de la corne ou de l’os, mais ces materiaux peuvent etre glissants dans une paume en sueur. Des anneaux de metal, de cuir ou du fil de fer etait donc utilises pour une meilleure prise, surtout en conjonction avec des gants de cuirs ou des gantelets de fer. La prise peut egalement etre couverte de lin, velours, ou corde, avec une sous-couche de cuir.
Sur une epee prevue pour couper ou faire des estafilades, la prise n’est habituellement pas ronde, mais plutot ovale, assez plate. Par contre, une epee prevue pour trouer a plutot une prise ronde, a cause de la prise specifique a ce type d’arme (comme des rapieres). Enfin, les epees batardes ou a deux mains plus recentes pouvaient avoir des poignees octogonales, ou carrees aux angles arrondis.
Nous en venons donc a la longueur des poignees : une poignee longue permet de manier plus facilement le poids excedentaire d’une lame large, et d’utiliser une seconde main, ce qui peut etre necessaire face aux armures les plus lourdes. Ces poignees peuvent avoir une protuberance au milieu de la prise, permettant de faciliter leur usage a une main ou deux mains. D’autres prises sont specifiquement concues pour un usage a deux mains uniquement. A noter que pour la prise dite "a une main et demi", la protuberance est habituellement plus proche du pommeau que de la garde.
- Le pommeau :
Le role du pommeau est avant tout d’empecher la main de glisser de la poignee, et il sert egalement de contrepoids. Il permet de bloquer le tang, de lier ensemble la garde et la lame. Un pommeau de mauvaise taille rend une epee mal balancee et malaisee a utiliser.
Il existe une tres grande variete de pommeaux, certains etant specifiques aux epees a une main et plus confortables contre la paume, d’autres plus appropries pour des lames larges. Ils peuvent etre prevus pour etre agrippes par la main ou non, voire pour fonctionner avec des gantelets d’armures.
- Ricasso et annelets :
En decrivant une epee medievale, j’ai sciemment laisse en dehors de la description les differentes prises possibles pour tenir une epee : diverses techniques y sont rattachees, comme le fait de laisser glisser sa main vers le pommeau lors d’une frappe, pour augmenter la puissance du coup au risque d’un desarmement.
Une des techniques consiste justement a mettre l’index par-dessus la garde, a la base de la lame. Cela permet d’avoir plus de precision lorsque l’arme est utilisee pour trouer, avec le desavantage d’exposer le doigt aux attaques adverses, et de diminuer la force des attaques tranchantes.
Les epees
concues pour trouer peuvent donc favoriser cette technique, principalement par
les biais suivants :
-> ne pas aiguiser la partie de la lame la plus proche de la garde, pour
eviter de se couper le doigt. Cette partie de la lame est alors appelee
ricasso,
-> mettre en place des anneaux rattaches a la garde, qui permettent de placer
l’index sur la lame en le protegeant. Ces anneaux peuvent se situer du cote du
plat de la lame, ou au contraire au niveau des tranchants.
Cette technique a bien entendu beaucoup gagne en popularite a l’approche de la Renaissance, mais elle etait connue tout au long du moyen-age. La plupart des epees batardes ou epees a deux mains de la fin du quinzieme siecle portaient ces anneaux.
Par JyP (version originale : Anatomie d'une epee medievale)